Annexe : le jugement de Cassel (25 et 26 octobre 1913)

Article rédigé par le Général de Meyer.

 

Préambule : Cet intéressant article accompagné de croquis relate l'exposition de Cassel en Allemagne des 25 et 26 octobre 1913. Il donne le point de vue d'un juge et connaisseur de la race du début de ce siècle, le Général George de Meyer et remet en évidence les points qui étaient essentiels pour les puristes de ce temps. Il a été rédigé très peu de temps avant la déclaration de la Première Guerre mondiale, qui allait naturellement détruire ou mettre presque totalement en sommeil pour plusieurs années les meilleurs élevages européens de cette période (en particulier les élevages belges et français, l'élevage allemand semblant avoir moins souffert).
De façon concomitante, l'élevage russe qui s'était fortement redressé sous la conduite d'un certain nombre de propriétaires éleveurs, dont le plus célèbre est resté le Grand Duc Nicolas Nicolaïevitch (Perchino), voyait tous les efforts et réussites anéantis par la Révolution bolchévique.
Parmi les noms cités, on retiendra celui du Dr Wegener (propriétaire du célèbre élevage allemand "Ural" du début de ce siècle) et ceux d'Asmodey et Ptitschka Perchino, importés en Allemagne de l'élevage du G.D. Nicolas Nicolaievitch par le Dr Wegener. Comme on peut le constater en consultant les pedigrees très anciens (voir par exemple le "Barzoï en France, Hier à aujourd'hui"), la race en Europe s'est en partie reconstituée grâce aux descendants de ces deux Barzoïs que nous cite le Général de Meyer dans son compte-rendu.






ASMODEY PERCHINO







PTITSCHKA PERCHINO

Kieff, le 12 février 1914.

Remarques sur mon jugement des barzoïs à CASSEL



Lorsque je fus invité par le Dr Wegener à venir juger les barzoïs à Cassel, j'étais on ne peut plus curieux de voir comment s'étaient conservés en Allemagne le type et l'apparence générale de nos chiens russes et comment notre belle race s'était développée entre les mains des éleveurs de ce pays.
Sur les trente barzoïs exposés, deux seulement étaient nés en Russie : Asmodey et Ptitschka; les autres étaient nés en Allemagne. Je les jugeai à la manière en usage en Russie. Je me fis montrer chaque chien en particulier et répartis les points pour les parties caractéristiques suivantes : membres antérieurs, membres postérieurs, poitrine, dos, tête, oreilles, yeux, queue et apparence générale. De cette manière, le propriétaire apprend ce que son chien a de bon ou de mauvais, puisque le juge détaille chaque point.
Si je semble avoir été trop sévère dans mon jugement, je prie les intéressés de croire qu'il était loin de mes intention de critiquer le barzoï né à l'étranger; mon but était de faire connaître les points caractéristiques que les éleveurs russes désirent chez le barzoï et d'attirer l'attention sur certains défauts qui dans l'avenir pourraient éloigner du type propre du barzoï. J'ai pu me convaincre, combien l'élevage était beau en Allemagne et j'ai été vraiment ému de voir avec quel amour on y élève nos barzoïs.
En général, on peut trouver des défauts dans chaque animal, mais je ne veux pas ici considérer chaque chien en détail; je me bornerai à donner mon avis sur l'ensemble des chiens exposés et à dire quelques mots sur ce que les connaisseurs russes apprécient.
Je dois dire en toute franchise que j'ai vu à Cassel quelques très beaux chiens, qui dépassaient de beaucoup ce que je m'attendais à voir, car ils sont grands, ont une belle fourrure et le cachet de la race est bien conservé. Les chiennes sont cependant moins bonnes que les mâles. Ceux-ci, du reste, en plus de leur grande taille, sont forts bons, ce qui est très apprécié chez nous, mais seulement à condition que la structure générale ne s'en ressente pas. On doit être d'une extrème prudence en voulant atteindre la grande taille, et nos éleveurs ont appris par expérience que les grands chiens possèdent rarement une belle apparence : les membres sont souvent mauvais, le dos laid, la poitrine petite et la tête grossière et lourde.
La tête doit être sèche, régulière, longue et étroite dans le crâne.
Les yeux doivent être grands, expressifs et foncés.
Nous accordons une attention toute particulière aux oreilles. Elles doivent être petites et bien portées, comme les numéros 1 et 1a, et nous apprécions énormément les oreilles portées droites (nota bene : lorsque le chien est en alerte) comme celles du cheval, comme chez le numéro 2, car elles caractérisent un chien fougueux et ardent. Les oreilles écartées, comme celles du numéro 3 sont un signe de race impure et les oreilles attachées trop bas, comme le numéro 4, dénotent un chien de caractère indolent.



La queue n'est pas seulement une parure du chien, elle lui sert de gouvernail quand il court, et est alors droite. Au repos elle est en forme de faucille, comme celle du numéro 5. Quand le chien est arrêté la queue ne peut pas être enroulée comme celle du numéro 6; à la marche, elle ne peut pas être pendante comme celle du numéro 7 car cela dénote un chien mou et sans énergie. Vue de derrière, la queue doit être droite et non pas dévier sur le côté comme le monter le numéro 8.



La queue n'est pas seulement une parure du chien, elle lui sert de gouvernail quand il court, et est alors droite. Au repos elle est en forme de faucille, comme celle du numéro 5. Quand le chien est arrêté la queue ne peut pas être enroulée comme celle du numéro 6; à la marche, elle ne peut pas être pendante comme celle du numéro 7 car cela dénote un chien mou et sans énergie. Vue de derrière, la queue doit être droite et non pas dévier sur le côté comme le monter le numéro 8.

Le barzoï étant chez nous avant tout un chien de chasse, nous aussi attachons une grande importance à la bonne conformation des pieds, du dos et de la poitrine. Mais un chien peut être mauvais de tête, yeux et oreilles et être malgré cela un excellent coursier. Si ces défauts apparaissent, la race n'est pas pure et renferme un sang étranger.
Les pattes de devant doivent être droites, sans cassure comme celle du numéro 9. Vues de face, elle doivent être bien parallèles, comme celles du numéro 10. Le numéro 11 les a anormales et tout à fait mauvaises sont celles du numéro 12.



Les épaules doivent être conformes à celles du numéro 13 et pas comme celles du numéro 13a.



Les membres postérieurs ont une plus grande importance que les membres antérieurs, car dans les premiers réside toute la force du chien à la course. Les membres postérieurs sont parfaits chez le numéro 14; plus ils se rapprochent de ceux du numéro 15, plus ils sont mauvais; vus de derrière ils ne peuvent être comme ceux des numéros 16 et 16a.



Le dos est normal quand il commence au garrot; c'est le cas dans le numéro 17. Chez le mâle, il doit être ausi rapprochable que possible de ce modèle. Il est mauvais et faible chez le numéro 18. Un dos comme celui du numéro 19 est mauvais chez un mâle, mais passable chez une chienne.
La croupe est normale si elle se rapproche du dessin du numéro 20. Plus elle se rapproche de celle du numéro 21, plus elle est mauvaise.



Une poitrine comme celle du numéro 22 est le minimum que l'on puisse apprécier. Si elle atteint la profondeur indiquée au numéro 23, elle est d'autant meilleure. Le numéro 24 indique un grave défaut.



Tels sont les points principaux qui guideront dans l'appréciation du barzoï....